COP 26 : Enfin un sommet pour se rassembler ?

COP 26 : Enfin un sommet pour se rassembler ?

COP 26 : Enfin un sommet pour se rassembler ?

Aujourd’hui commence la COP 26 !
Quel est le contexte de cette nouvelle COP ? Pourquoi est-il important de s’y intéresser ? Quels sont les enjeux ? Est-ce qu’on doit réellement s’attendre à quelque chose ?
On en parle !

D’abord, explications rapides de ce qu’est la COP 26.
La COP (Conference of Parties) est un rassemblement de toutes les parties (ou états) signataires de la Convention-Cadre de l’ONU. Pour faire simple, ce sont les dirigeants du monde entier, mais aussi des acteurs non-étatiques (ONG, collectivités, peuples autochtones, entreprises…) qui vont se réunir pour un sommet international sur le climat, à Glasgow en Ecosse. La COP 26, qui devait avoir lieu l’année dernière, a été annulé à cause du Covid-19.

Un contexte particulier

Cette COP 26 intervient dans un contexte très particulier. Elle arrive peu de temps après des derniers mois qui ont vu de nombreux événements météorologiques extrêmes à travers la planète se produire (megafeux, inondations…) et la sortie du groupe 1 du rapport du GIEC, qui est venu confirmer, plus que jamais, que ces événements arriveront de plus en fréquemment, avec une intensité de plus en plus forte. Ce rapport met également en avant que les 10 prochaines années seront cruciales pour éviter les pires projections d’ici à la fin du siècle

Le déroulement de la COP 26 aussi s’annonce particulier. La crise sanitaire remet en cause la participation de nombreux acteurs des pays de l’hémisphère Sud, ce qui pourrait compromettre l’intérêt des négociations, puisque ce sont justement ces pays du Sud qui sont les plus exposés aux conséquences du réchauffement climatique et qui ont besoin d’aides financières pour faire la transition nécessaire.
Côté mastodontes, la Russie et la Chine ont décidé de ne pas être de la partie.
Des absences pour des motifs différents, mais qui témoignent de la difficulté de faire en sorte que tous les pays du globe agissent dans la même direction.

Des enjeux plus cruciaux que jamais


Malgré ce contexte international compliqué, les participants de la COP 26 font face à des enjeux colossaux qui nous concernent toutes et tous. 6 ans après les accords de Paris qui avaient pour objectif de rester sous la barre des 1.5°C, quasiment aucun pays au monde n’est sur la bonne trajectoire.
L’objectif large de cette COP 26 sera donc d’arriver à fixer des règles qui permettront de tenir ces engagements, sous peine de franchir un à un les paliers supérieurs. 

Selon la dernière évaluation de l’ONU, les engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre actuels nous emmènent plutôt vers un réchauffement catastrophique de +2,7°C. Il y a deux semaines, voici ce que disait Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies :
« La pollution carbone d’une poignée de pays a mis l’humanité à genoux […] s’ils ne montrent pas la voie dans ces efforts, nous irons vers de terribles souffrances pour les êtres humains » , expliquant que continuer comme ça « c’est sans aucun doute un aller simple vers le désastre ».
La COP 26 s’annonce donc aussi difficile que primordial. S’il y aurait toutes les raisons de penser que cette COP 26 ne fera sûrement pas bouger les choses et donc de ne pas y prêter attention, ce serait omettre l’importance des enjeux auxquels nous faisons face.
Les COP sont des périodes où les enjeux climatiques sont sur le devant de la scène internationale.

Malgré les mauvaises trajectoires prises depuis les accords de Paris, ces dernières constituent un postulat qui a permis à de nombreuses organisations de plaider en faveur du climat, de se mobiliser, de faire bouger des lignes.
Comme l’explique Marine Pouget, responsable gouvernance internationale de Réseau Action Climat 1 : « C’est un cadre international qui permet de faire pression sur les Etats. Il n’y aurait pas eu d’affaire du siècle si la France ne s’était pas engagée aux accords de Paris ».

Même en étant le plus pessimiste possible, on a donc tout intérêt à suivre la COP 26 de près, à soutenir les organisations qui s’y engagent et à continuer de se mobiliser pour faire pression sur les acteurs ayant des impacts forts sur le réchauffement climatique.
Un appel à l’action et une journée internationale de mobilisation pour la justice climatique va d’ailleurs avoir lieu le 6 novembre, 2 n’hésitez pas à regarder où sera la plus proche de chez vous !

La finance sera l’un des sujets phares de cette COP 26, c’est pour cela que nous avons lancé notre campagne «Investir le climat » il y a deux semaines. Si ce n’est pas déjà le cas on vous invite à y jeter un œil et à suivre la suite de notre campagne.
En attendant, on va suivre avec attention les événements d’une COP qui peut être décisive pour l’avenir de nos territoires.

Notre article sur l’impact des banques sur le climat : https://protectourwinters.fr/banques-et-climat-le-moment-de-rendre-des-comptes/ 

L’appel de Politis pour le Climat avant la COP 26 : https://www.politis.fr/articles/2021/10/lappel-de-politis-pour-le-climat-votre-inaction-est-un-crime-43721/ 

Pour en savoir plus sur les enjeux précis de la COP 26, le travail de Réseau Action Climat : https://reseauactionclimat.org/cop26-quels-sont-les-enjeux-du-sommet-de-glasgow-pour-le-climat/ 

Pour suivre le déroulé de la COP 26 jour après jour, à travers le journal de bord d’organisations sur place : https://www.apc-paris.com/actualite/vivez-cop26-linterieur-avec-lapc-son-reseau 

 

Aventures sans voiture : La Flégère en juillet avec Julien Herry et Victor Daviet

Aventures sans voiture : La Flégère en juillet avec Julien Herry et Victor Daviet

Aventures sans voiture : La Flégère avec Julien Herry et Victor Daviet

On l’a assez répété et démontré durant notre campagne Objectif -57, l’impact du transport est colossal et c’est l’une des choses sur lesquelles nous devons agir, en essayant notamment de laisser la voiture à la maison quand on part en week-end lorsque c’est possible.
En partant de ce constat, Julien Herry et Victor Daviet sont partis pour une aventure sans voitures, qu’ils ont filmée pour notre plus grand plaisir !
Le film de leur aventure est à retrouver sur notre chaîne Youtube (ici)

En attendant, si vous ne les connaissez pas, auto présentation de nos deux comparses et de leur trip !

 

J – Mon nom est Julien Herry (surnommé Pica).
J’ai grandi dans la vallée de Chamonix et je suis naturellement devenu guide de haute montagne. Je suis passionné de snowboard et père de 2 enfants !
J’ai rencontré Victor quand il m’a embauché pour encadrer l’édition suisse des Safety Shred Days en 2020, puis nous avons passé 3 semaines ensemble au Pakistan cet hiver afin d’enseigner le snowboard aux populations locales via l’association Zom Connection!

V – Je m’appelle Victor Daviet, je suis originaire des Alpes du sud mais j’habite à Annecy depuis quelques années maintenant.
Je suis un grand fan depuis toujours de snowboard et ça fait maintenant 10 ans que je suis pro snowboarder spécialisé dans le freeride / backcountry.
Je suivais Pica et ses exploits en pente raide depuis quelque temps, mais on s’est rencontré récemment lors d’un trip qu’il m’a proposé au Pakistan de 3 semaines avec Zom Connection. Et nous avons vécu une belle aventure humaine !

J – Nous sommes allés glisser sur l’aiguille de la Gliere, juste au dessus du télésiège de l’Index dans la vallée de Chamonix! Je suis parti de la maison à vélo pour rejoindre Victor à la gare des Praz vers 8.30. De là on a marché jusqu’aux remontées mécaniques de la Flegere que l’on a utilisé jusqu’en haut de l’Index!
Le sommet étant encore dans les nuages, on a donc grimpé puis ridé un premier couloir à main gauche, court mais raide, sur une bonne neige de névé. Puis la météo s’est éclaircie et nous avons grimpé jusqu’au sommet de la Glière et profité d’une magnifique vue à 360 degrés avant que les nuages ne reviennent. Après une première pente en neige collante, le couloir suivant puis la pente de sortie nous  ont offert une belle neige de névé très agréable!
Retour dans la vallée très confortable en télésiège puis télécabine avant de savourer une bonne bière dans la vallée!

V – Pour ma part je suis parti d’Annecy ! Après un premier trajet en train (1h30) et une nuit sur le canap d’un pote (5 généps)  j’ai pris le train le matin pour rejoindre l’ami Pica et aller rider un 1er juillet ! Une première ! L’avantage c’était que nous étions seuls et que mis à part 3 ou 4 vélos nous avions la station pour nous ! Sur le télésiège nous avions la sensation d’être en Avril avec ces conditions.
La neige était de la soupe mais en snowboard, c’est très bon la soupe !

J – L’enneigement exceptionnel de ce début d’été offrent de nombreuses possibilités pour glisser à proximité des remontées mécaniques. Il me semblait intéressant de mettre ce ski local d’été en avant.
Avec le réchauffement climatique, l’enneigement est de moins en moins régulier mais occasionnellement, il reste des opportunités de prolonger la saison de glisse sans avoir à se déplacer à l’autre bout des Alpes ou de la planète.

V – Après 20 min de marche au bas du couloir nous avons réalisé qu’il y avait encore des mètres de neige ! Et qu’il était possible selon notre motivation de revenir encore pendant quelques semaines. Montée du couloir à suivre le chamois Pica dans le brouillard!
Arrivée en haut sur un petit col et de l’autre côté on pouvait apercevoir à travers une percée le Mont Blanc fraichement enneigé. Une belle récompense pour cette montée ! Ensuite place à la descente dans un couloir serré et amical ! Arrivés en bas c’était tellement bon qu’on a eu qu’une envie : remonter pour un 2ème couloir !

N’hésitez pas à suivre Pica et Victor sur les réseaux ! 
Chaîne Youtube de Victor : https://www.youtube.com/user/victordaviet/videos 

POW x OSKARE x ARKOSE : La Blanche Neige débarque !

POW x OSKARE x ARKOSE : La Blanche Neige débarque !

POW x OSKARE x ARKOSE : La Blanche Neige débarque !

Aujourd’hui article un peu spécial, puisqu’on a l’immense honneur de vous annoncer le fruit d’une collaboration avec la Brasserie Oskare et les salles d’escalade Arkose ! Ce fruit, il s’appelle « La Blanche Neige », et c’est une bière !
On voulait donner l’occasion de soutenir le mouvement tout en retrouvant le plaisir d’un verre entre ami.e.s et/ou en famille. Avec la période que nous avons traversé et l’été qui arrive, on sait à quel point nous avons toutes et tous besoin de moments de convivialité.
De plus, la grimpe en salle et l’amour de la nature sont très proches et complémentaires de notre démarche axée sur les montagnes, les plus enneigées possibles. Et puis c’est toujours plaisant de parler climat et mobilisation avec des bulles à la main !
C’est donc avec un grand plaisir qu’on vous annonce qu’à partir du 15 juillet prochain, on pourra boire « La Blanche POW », la première bière de Protect Our Winters France.
Et on tellement content de cette nouvelle, qu’on ne veut pas se contenter de vous annoncer son arrivée, on vous raconte l’histoire de sa création avec tous les détails ci-dessous !

IMPORTANT : L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération.

L’histoire a commencé avec un de nos membres des POW Locals parisiens et contributeur 1% For The Planet, Arnaud Hiltzer. Il s’est rapproché des brasseurs de chez Arkose (à l’époque Louis) qui se sont montrés super intéressés à l’idée de monter un projet conjointement avec POW. Les grimpeurs des salles Arkose sont souvent aussi des pratiquants de la montagne, et encore plus souvent sensibles aux enjeux climatiques, le sens y était, il ne restait plus qu’à trouver le goût.

En tant que parisien moi aussi et président de l’association, je me suis donc sacrifié et rendu chez Oskare avec Arnaud, juste après le premier confinement, pour créer la recette de la bière idéale.
On la voulait rafraichissante, facile à boire à la montagne comme en ville, locale le plus possible. Une « blanche » nous semblait idéale, et après avoir discuté de nos gouts et couleurs avec Louis, il nous a invité à revenir gouter ses 3 créations.
Comme pour les 3 ours, l’une était trop ceci, l’autre pas assez cela, et la troisième : parfaite! On a validé la recette, et on est rentrés chez nous sans savoir que plusieurs mois allaient s’écouler avant qu’on ne soit en mesure de réaliser nos rêves houblonnés.

La prochaine étape s’est donc faite en juin dernier. Louis était parti vers de nouvelles aventures, et c’est Jean-Baptiste qui nous a accueillis chez Oskare, sorte de parking souterrain reconverti en brasserie avec vue sur une des fosses d’escalade d’Arkose Nation. Et réciproquement : on peut lire toute l’histoire de la bière entre 2 sessions de grimpes, et regarder les brasseurs au travail depuis chez Arkose.
Au fond de la grande pièce pleine de cartons, de cuves et de vélos cargos, une marmite géante fumait. La veille, les brasseurs avaient chauffé l’eau à 65° (il faut du temps pour monter en température cette cuve de 500 litres, 1° toutes les 2 minutes), et concassé les grains d’orge et de blé (car c’est une bière blanche). Ces céréales sont dites «maltées», car elles ont commencé à germer.

On a versé tout ça dans l’eau en « pagayant » bien pour tout mélanger, avec en plus « un peu » de flocons d’avoine, comme ceux du petit déjeuner. En tout on rajoute dans ces 500 litres d’eau environ 50kg d’orge maltée, 30kg de blé malté et une dizaine de kilos de flocons d’avoine. Ces derniers sont là pour la texture de la bière, qu’elle ne soit pas trop légère et aqueuse, avec si peu de céréales au final – il peut y en avoir plus de 130kg pour une brune – « on a beaucoup d’alcool, il faut donc la nourrir ! Là on sera entre 4° et 5° ».
On a ensuite laissé monter en température, avant de sortir le panier avec les céréales avant ébullition, qu’on rince rapidement pour en extraire vraiment tous les sucres. 1h d’ébullition du liquide, puis on rajoute les houblons, de souche alsacienne «Aramis», environ 1kg dont 1/3 au début pour l’amertume, car les huiles essentielles vont s’évaporer, et 2/3 à la fin de l’ébullition pour l’aromatique.

Après toutes ces opérations de brassage, « techniquement on peut boire la bière dans moins d’un mois, même moins, il faut 3 semaines environ aux levures pour faire leur travail ». On laisse les brasseurs à leur tache la plus longue et ingrate : le nettoyage de tout ce bazar de cuisine aux céréales.

On reviendra le 15 juillet, quand les fûts seront prêts à être branchés à la pression d’une des 4 salles Arkose parisiennes, puisque 4 soirées auront lieu (de 19h à 22h) dans les semaines à venir : 
– Arkose Massy le Jeudi 15 juillet
– Arkose Pont de Sèvres le Mercredi 21 juillet
– Arkose Nation le Jeudi 22 juillet
– Arkose Didot le Mardi 27 juillet
L’occasion de venir découvrir La blanche Neige, de profiter et/ou de découvrir les salles Arkose si vous ne les connaissez pas, et de venir rencontrer des bénévoles POW qui seront sur place ! 
Pour plus d’informations, on vous encourage à suivre Arkose et Oskare sur les réseaux !

Santé ! ?

ELECTIONS : Et si on s abstenait de juger les abstentionnistes ?

ELECTIONS : Et si on s abstenait de juger les abstentionnistes ?

ELECTIONS : Et si on s’abstenait de juger les abstentionnistes ?

Papier un peu spécial aujourd’hui, qui prend la forme d’un billet d’humeur.
Cette fois, on n’a pas pour vocation à partager un certain nombre d’informations sur la mobilité ou la montagne, mais plutôt à porter un regard, une réflexion, sur le sujet qui occupait toute la place médiatique et politique il y a peu : l’abstention.

Après le premier tour, les débats étaient enflammés, les personnages politiques alertés et nous avons pu assister à une semaine d’entre-deux tours à base de réactions à chaud, de critiques voire de menaces contre les abstentionnistes avant le second tour. La suite de l’histoire a pu nous montrer, contre toute attente, qu’invectiver ces derniers n’a pas été une stratégie efficace pour remplir les urnes.
En tant qu’association qui réfléchit comment mobiliser face aux enjeux auxquels nous faisons face, on tenait à vous livrer notre sentiment sur ce que nous venons de vivre et sur la façon dont l’abstention est jugée en France.

D’abord, jetons un oeil aux chiffres ! 

Les chiffres du deuxième tour ayant bougé de manière non-significative (environ 1 point de moins), nous allons nous attarder sur les chiffres du premier tour.
Ce dimanche, deux tiers des Français pouvant voter ne se sont pas rendus aux urnes (66,7 %) pour le premier tour des élections régionales. Un record pour un premier tour des élections régionales, qui vient pulvériser les 53,67 % de 2010.

Mais surtout, un record absolu tout scrutins confondus en France (hors référendum, durant la Ve République)

Pour rester dans les chiffres, ce qui ressort de ce scrutin, c’est le taux incroyablement élevé d’abstention chez les plus jeunes : 87 % d’abstention chez les 18-24 ans, 83 % chez les 24-35 ans.
Les chiffres de l’abstention diminuent à chaque tranche d’âge supérieure et atteignent les 40 % chez les 70 ans et plus.

Une fois que le tableau est dressé, se pose plusieurs questions. Les deux qui ressortent le plus, qui enflamment les débats : pourquoi autant d’abstention ? Et comment lutter contre ?

Les raisons évoquées sont nombreuses et les avis divergent.
Pour certains, c’est symptomatique d’une indifférence envers la politique, d’un manque de devoir civique des plus jeunes générations.
Pour d’autres, comme Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, cela pourrait être en partie dû à la crise sanitaire : les campagnes ne se sont pas déroulées comme d’habitude, les gens ont préféré profiter de ce premier dimanche sans couvre-feu ni masque, etc.
D’autres problématiques viennent se mêler aux discussions, comme la date des élections reportées, les problèmes de distribution du matériel électoral par l’entreprise Adrexo, le manque d’assesseurs dans certains endroits…

Ces différents arguments peuvent être des facteurs aggravants, surtout si l’on y rajoute le traitement des élections régionales dans certains médias : l’omniprésence de débats sur la sécurité, qui n’est pas une compétence des régions, le manque d’informations justement sur le rôle des régions et des départements, etc.
En attendant, quand on voit les chiffres de l’abstention qui augmentent ces dernières années/décennies, on ne peut que constater que le mal est profond et continue de creuser.

Ce qui nous interpelle donc aujourd’hui, c’est plutôt la vision globale qui est proposée des abstentionnistes et la culpabilisation comme réponse au phénomène.
Vis-à-vis des premières raisons évoquées ci-dessus, voici ce que l’on pouvait entendre sur de nombreux plateaux tv, comme à BMFTV, où l’éditorialiste Christophe Barbier répond à la question « est-ce qu’il ne faudrait pas rendre le vote obligatoire ? » :
Mais bien sûr ! […] On ne va pas mettre les gens en prison s’ils ne votent pas, mais on va leur dire une chose très simple, vous ne vous intéressez pas aux régionales, vous vous abstenez pour les régionales ? Et bien vous manquerez les deux scrutins suivants, la présidentielle et les législatives. Je vous assure que si on avait fait ça, on aurait 80 % de participation ce soir. Mais évidemment, comme les Français sont obnubilés par les présidentielles, qui sont devenu l’enjeu majeur, voire le seul, ils ont tendance à négliger le reste, et ils ont tort ! […] C’est important, quand on pense à tous les Français, les milliers de français qui ont sacrifié leurs vies pour qu’on ait le droit de vote. Il suffirait de rendre le vote obligatoire avec cette punition douce et démocratique.

On ne rebondira pas sur l’expression « punition douce et démocratique », qui prend la forme d’un oxymore bien sordide.
Mais au-delà des propos de Christophe Barbier, cette proposition de rendre le vote obligatoire découle d’une pensée plus générale : les abstentionnistes n’ont aucune bonne raison de s’abstenir, justifiant ainsi de les pointer du doigt, de les culpabiliser…
Nombreuses sont les fois où l’on a pu entendre : « Si vous ne votez pas, vous ne viendrez pas vous plaindre ».

D’abord, traiter les « abstentionnistes » comme un groupe homogène est une erreur.
Toutes les enquêtes et études sur le sujet montrent bien qu’il existe différents types d’abstentionnistes, qui ont différentes raisons de s’abstenir.

Anne MUXEL, Directrice de recherches au CEVIPOF, parle de deux grandes catégories : les abstentionnistes « dans le jeu politique » et les « abstentionnistes hors-du jeu politique ». 6
La première catégorie étant plutôt des jeunes, des personnes diplômées, favorisées dans leur insertion sociale, et qui s’intéressent à la politique, voire peuvent se déclarer proche d’un parti.
Ces derniers s’abstiennent le plus souvent de manière intermittente et votent lorsqu’ils se reconnaissent dans une offre politique.
La deuxième catégorie se distingue plutôt par un retrait de la politique. On y retrouve le plus souvent les catégories dites «populaires », en difficulté d’insertion sociale. On compte également un plus grand nombre de femmes. Ces absents ne se reconnaissent pas dans l’échiquier politique et ont davantage de problèmes individuels étant des barrières à s’investir dans la scène collective.
Ils sont également davantage porteurs d’un refus et d’une contestation et sont davantage à espérer un changement complet de la société.
Ces deux grandes catégories, dans lesquelles s’en rangent d’autres, montrent la complexité et l’hétérogénéité des profils d’abstentionnistes. Il est donc problématique de penser qu’une solution simple pourrait venir résoudre un problème aussi large et en expansion.
Si les chiffres montrent une part plus importante d’abstention chez les plus jeunes et chez les populations les moins diplômées, les écarts se réduisent au fur et à mesure des années. 
Selon Anne MUXEL :
Les femmes, les non-diplômés, les populations urbaines, les jeunes aussi, se comptent toujours en plus grand nombre dans les rangs des abstentionnistes. Mais l’abstention gagne l’ensemble du tissu social. Il faut chercher d’autres modèles explicatifs, qui figurent de plus en plus les pièces d’un puzzle, complexe et difficile à construire, mais dont l’ensemble des éléments sont essentiels pour constituer le tout.

Le constat fait par Anne Muxel date de 2008. Depuis, la situation n’a fait qu’évoluer dans ce sens.
Ce dimanche, 75 % des ouvriers et des employés ne sont pas allés voter. Mais 69 % des cadres et des professions intermédiaires ont fait de même.
Le problème de l’abstention se généralise donc.
Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas prendre en compte les données représentatives des abstentionnistes, loin de là, mais qu’il faut éviter de penser qu’il y a un profil d’abstentionniste simple et unique auquel on doit trouver une réponse simple et unique.
Plus récemment, voici ce que disait Raphaël Challier, sociologue et chercheur spécialisé dans les questions de militantisme et de mobilisation, au micro de Mediapart après le premier tour :
Il y a une crise de la représentation, crise qui n’en finit pas de s’amplifier. Après les Gilets Jaunes, après l’émergence de mouvements, on a encore eu une solidification de l’abstention et des fractures entre les spécialistes de la représentation, de moins en moins nombreux, et des citoyens ordinaires, de plus en plus distant de ces enjeux »
Et quant à la raison de ce problème : « Il y a une multitude de facteurs, il n’y a pas d’explications simples et encore moins de recettes magiques pour corriger ce processus.

En effet, lorsque l’on demande aux citoyen.nes pourquoi ils s’abstiennent, les réponses divergent, comme le montre le dernier sondage Ipsos/Sopra-Steria ci-dessous 7

 

 

Revenons-en donc à notre sujet initial : la culpabilisation.
Pointer du doigt les abstentionnistes de ces deux derniers dimanches, c’est donc pointer du doigt plus de deux tiers de la population française en capacité de voter, issue de milieux et de tranches d’âges différentes. Depuis 1958 et le début de la Ve République, l’abstention n’a cessé de s’accroître, pour atteindre le record de ce week-end.
La fracture entre les citoyens français et le vote semble donc plus profonde qu’une indifférence ou un problème de crise sanitaire. Il faudrait donc avant tout éviter ce sentiment de supériorité et ces conclusions hâtives qui ne font pas avancer le débat.
L’argument numéro un mis en avant sans cesse est le manque d’implication des gens. Mais ces dernières années ont au contraire été le théâtre d’une implication citoyenne extrêmement importante en dehors des urnes. Le mouvement des Gilets Jaunes, les manifestations contre la Loi Sécurité Globale, pour la Loi Climat… cela représente des implications politiques de la part des jeunes, des milieux populaires etc.
La Convention Citoyenne pour le Climat a montré que 150 citoyens tirés au sort, pouvaient venir s’impliquer durant des mois dans une démarche politique et citoyenne, alors même que pour un certain nombre d’entre eux, ils n’étaient pas familiers avec les enjeux avant de recevoir leur convocation.
Nous recevions il y a peu Mathieu et Matthias, deux membres de la CCC, le replay est disponible ici : https://www.youtube.com/watch?v=BN7PfBgXRho 
Nous vous encourageons vraiment à aller les écouter sur leur expérience.

Voilà ici des exemples, parmi tant d’autres, qui prouvent qu’une envie de changement existe chez de nombreux.ses français.es. Mettre l’accent sur le manque présumé d’implication des citoyens, ce serait donc occulter une grande partie du problème qui relève davantage du personnel politique. 

Quand Gabriel Attal explique l’importance de la crise sanitaire dans l’abstention, fait-il allusion aux traces que la crise sanitaire a laissé chez des millions de personnes, due aux difficultés à vivre durant cette dernière année, et la déviance qui en découle envers la majorité qui a subi une déroute lors des régionales (trois candidat.es sont éliminé.es dès le premier tour, LREM obtient un score moyen de 11,4 % et n’obtient aucune région).
Quand Christophe Barbier explique que « les Français sont obnubilés par la présidentielle », il ne critique à aucun moment le fait que la vie politique de ces dernières années est centrée quasi uniquement sur Emmanuel Macron, ses ministres et sa majorité.
Les médias ont également leur importance quant au traitement des régionales ces dernières semaines.
Voici ce que Laurent Delahousse, lors d’un débat sur les régionales, mettait en avant justement :
Cette société consumériste, est-ce qu’elle n’a pas atteint aussi notre système médiatique et finalement les journalistes, les rédactions et les directions de rédactions, on va dire qui ne sont plus dirigés parfois par des journalistes […] quand on voit parfois sur des chaînes d’informations effectivement un produit d’information considéré comme un objet de consommation, c’est à dire qu’il alimente l’audience donc je l’utilise ? On ne traite plus parfois les sujets qui sont essentiels pour les français.es mais ceux qui potentiellement font du public. 8

Quand on pointe donc du doigt le fait que les citoyen.nes n’ont pas connaissance des compétences des régions ou des départements, quelle place est faite à la critique sur le fait que les débats aient autant tournés sur les questions de sécurité, que des chaînes d’infos continus manquent leur travail à ce niveau, voire plus pour le cas de Cnews notamment, qui s’est fait mettre en demeure par le CSA pour non-respect du pluralisme politique ? 9

Alors oui chez POW, après deux mois de campagne où l’on a essayé de vous montrer l’importance des régionales pour la mobilité, on regrette évidemment cette abstention. Mais on la comprend. Et surtout, on considère que les abstentionnistes ne devraient pas être montrés du doigt.
Notre humble avis et notre conclusion sur le sujet, c’est que chacun.e y gagnerait, que ce soit les personnages politiques, les médias ou chacun.e d’entre nous à davantage essayer de comprendre pourquoi telle ou telle personne ou groupe de personne s’abstient, et ce en allant plus loin qu’en tirant des conclusions avec ce que l’on a devant notre nez ou en créant les réponses qui nous arrange.
Si deux tiers de personnes n’ont pas souhaité participer au jeu politique que représente les élections, peut être que le problème vient du fait que le but du jeu était flou, que les choix proposés n’ont pas convaincu ou tout simplement que les règles fixées au départ sont à revoir.
Différentes situations, notamment la crise sanitaire, ont impacté des millions de français.es à différents égards, notre situation actuelle impacte et impactera encore dans les mois/années à venir des millions de français.es.
C’est une réalité dont il faut avoir conscience au moment de jurer le saint devoir civique ou « l’exigence républicaine », n’en déplaise à Jean Castex 10 

Symptômes révélateurs, les jours suivants le second tour, les discussions des parlementaires ont davantage portées sur la tenue de citoyennes françaises, qui ont voué leur dimanche à la tenue des élections en étant assesseuses, plutôt que de se pencher sur des questions comme la considération du vote blanc.

Heureusement, si les urnes sont un moyen de mobilisation, c’est loin d’être le seul. Des moyens d’agir en dehors des urnes existent, à différentes échelles, et c’est bien ce que nous comptons mettre en avant chez POW, motivés encore et toujours par les enjeux climatiques auxquels nous faisons face.

Espace Montagne Lyon s’engage avec POW France

Espace Montagne Lyon s’engage avec POW France

Il y a quelques semaines, Tom Delouis, directeur du magasin Espace Montagne à Lyon nous a contacté pour savoir comment il pouvait, à travers son entreprise notamment, s’engager à nos côtés et nous soutenir dans nos actions. On s’est dit que vous voudriez en savoir plus, et on a donc laissé le soin à Tom de se présenter, ainsi que la première action mise en place, dans l’entretien qui suit:

Passionné d’alpinisme, de ski et plus largement de montagne depuis son enfance, mon père a fondé Altitude sports (Espace montagne Lyon) en 1982 avec une volonté de démocratiser la pratique des sports de montagne. Depuis ce jour, nous nous sommes développés pour devenir un magasin spécialisé dans la vente de produits dédiés à la pratique des sports de montagne ( ski, snowboard, alpinisme, escalade, trail-running, randonnée, bivouac…).

Soucieux de l’avenir de la montagne, nous œuvrons, à notre échelle, pour réduire notre impact sur l’environnement afin de pouvoir partager notre amour de la nature à nos cadets. Notre engagement dans la protection de l’environnement se traduit par des actions concrètes :

  • Construction de partenariats solides avec des marques responsables (Schöffel, Picture, Patagonia, Millet …)
  • Organisation d’une journée de ramassage des déchets dans les forêts de l’ouest lyonnais pour préserver les espaces verts en juin 2020
  • Opérations «vieilles chaussures » (en partenariat avec Sport 2000) proposant aux clients de ramener leurs chaussures en fin de vie afin les réparer pour chausser les plus démunis

Aujourd’hui, Espace montagne Lyon souhaite en faire plus. Pour cette raison, nous avons contacté POW France afin de tisser un partenariat durable visant à joindre nos forces pour préserver nos montagnes.

Ce partenariat se caractérisera par une première action concrète :
La GREEN WEEK! Durant cette GREEN WEEK, nous utiliserons la puissance du Black Friday pour générer des dons pour POW France afin de les aider dans leur quête d’un accès plus durable à la montagne pour les passionné.es et la prise en compte des impératifs climatiques dans les politiques françaises, locales ou nationales. Nous, nous engageons à leur reverser 1% de notre chiffre d’affaires de la semaine du 23 au 29 novembre. Ce soutien financier est pour nous un premier levier d’action pour soutenir une association dynamique et porteuse de valeur qui mène des actions concrètes pour préserver l’environnement.

Espace Montagne Lyon s’engage avec POW France

Le chantier archéologique de Jean-Baptiste Ortlieb

Pour sa thèse en histoire environnementale, JB Ortlieb étudie une ancienne « marcairie » (ferme d’estive) située à 1100 m d’altitude dans les Vosges, pour voir comment les modes de valorisation des montagnes ont changé au cours du temps – ou comment les humains se sont adaptés à leur environnement.

J’ai effectué une fouille archéologique en montagne pour l’intégrer à mes recherches pour ma thèse en histoire environnementale. On étudie comment les hommes se sont adaptés à leur environnement pour monter les troupeaux. C’est une des thématiques qui permet de mettre en perspective notre propre adaptation aux changements climatiques, puisqu’à l’époque du site de fouille on est dans une période de refroidissement du climat (appelé Petit Âge glaciaire).

La fouille est la première réalisée sur une “marcairie”, qui est une ferme d’estive ancienne, exploitée entre la fin du Moyen Âge et le début du XVIIIe siècle pour garder les troupeaux et produire du fromage l’été. Rien d’extraordinaire a priori, mais dans les Vosges comme dans les autres massifs français, ces pratiques sont celles qui perdurent depuis des siècles / millénaires, dans les zones qui, aujourd’hui accueillent le plus souvent les stations. Comme la pratique récréative des montagnes (ski, randonnée…) est récente, la question est de voir sur quel héritage on se trouve, notamment du point de vue de l’environnement.


Un point intéressant pour les Vosges (qui ne sont pas bien hautes forcément), c’est que tous les pâturages d’altitude, qui ont permis un développement très précoce du ski, ne sont en fait pas naturelles, mais anthropiques – d’origine humaine -.

Les études paléoenvironnementales des géomorphologues avec qui je travaille on montré que ces défrichements des sommets datent, pour les premiers attestés, de l’Âge du Bronze (autrement dit les Celtes, vers 2000 av. J.-C., à peine plus récent que les pyramides de Gizeh).


Forcément, le paysage a évolué entretemps, mais aujourd’hui ces milieux sont très protégés (Natura 2000, PNR des Ballons des Vosges) pour la faune et la flore particulière qu’ils accueillent. De plus c’est parmi les meilleurs spots pour rider dans les Vosges, puisqu’on est suffisamment haut pour la bonne neige et qu’on évite les arbres. C’est pourquoi sans ces défrichements très anciens et récurrents et ces milieux protégés, pas de ski – en tout cas comme on le connaît – dans les Vosges. Mais la forêt regagne du terrain, avec la déprise agricole. Du coup, l’enjeu c’est de connaître l’évolution et le rapport ancien à l’environnement, en regardant comment les populations locales antérieures au XVIIIe siècle entretenaient et valorisaient ces paysages et ces milieux naturels, dont on hérite aujourd’hui pour de nouvelles pratiques.

Alors chez POW on se questionne, quelles seront les trace que nous aurons laissées pour les archéologues du futur ? …